Rapport de Shimon Samuels
Paris, le 7 novembre 2024
En 1980, j’étais arrivé à Paris pour travailler comme directeur pour l’Europe de l’ADL-B’nai B’rith. J’ai été témoin du début d’une série de fusillades terroristes et d’attentats à la bombe contre des cibles juives et israéliennes à travers la France et l’Europe.
Le vendredi 3 octobre 1980 à 18 h 38, au début du shabbat et à la veille de Souccot, la vague de terrorisme palestinien a commencé avec l’attentat contre la synagogue Copernic de Paris.
À l’angle de la rue Copernic vivait l’éminente journaliste Tamar Golan. J’étais venu lui souhaiter de bonnes fêtes. Aliza Shagrir, l’épouse du célèbre cinéaste Micha Shagrir, venait d’arriver d’Israël pour le week-end. Elle a demandé à Tamar si elle avait besoin de quelque chose pour le dîner. Son hôtesse a répondu : « Peut-être quelques figues. Descends avec Shimon et il te montrera la boutique de fruits en face de la synagogue. »
Nous sommes descendus ensemble, elle a tourné rue Copernic, j’ai continué tout droit. J’ai entendu la bombe, j’ai ressenti l’onde de choc qui a tué Aliza et trois autres personnes, laissant également quarante-six blessés à l’intérieur de la synagogue.
Le lendemain matin, le Premier ministre de l’époque, Raymond Barre, a fait cette déclaration mémorable : « Cet attentat odieux qui voulait frapper les Israélites... et qui a frappé des Français innocents... »
Dans un premier temps, le gouvernement a attribué l’attaque à des néonazis. Il lui a fallu des mois précieux pour comprendre qui était vraiment responsable. Un an plus tard, le président Giscard d’Estaing déclarait : « J’ai perdu les élections à Copernic », car il avait omis de rentrer à Paris et d’interrompre son week-end de chasse.
Au cours des deux années qui ont suivi, j’ai recensé soixante-treize cas de terrorisme antisémite, dont vingt-neuf en France. La vague de violence n’a pris fin qu’après l’incursion israélienne de 1982 dans le sud du Liban, mettant en déroute les terroristes palestiniens et dispersant les Européens qui s’entraînaient dans les camps de l’OLP. Ils sont rentrés chez eux et ont pris pour cible des banques et des institutions gouvernementales plutôt que des synagogues, provoquant une répression rigoureuse de la part des autorités nationales.
En 1999, les services de renseignement français ont obtenu les preuves désignant les auteurs de l’attentat de Copernic. Il s’agissait notamment d’Hassan Diab, un Palestinien né à Beyrouth et membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), soupçonné d’avoir assemblé et fait exploser la moto piégée utilisée en 1980.
Ces preuves, glanées auprès des services de renseignement européens et américains, au nombre desquelles de faux passeports, des analyses graphologiques et des témoignages du FPLP et d’autres associés, ont conduit à la détention en 2008 et à l’assignation à résidence pendant deux ans d’Hassan Diab, alors professeur de sociologie à l’université d’Ottawa, au Canada. Ce qui a déclenché une campagne de sympathisants palestiniens revendiquant une erreur d’identité.
J’ai assisté aux audiences d’extradition de 2010, qui ont dégénéré en manifestations antisémites. J’étais assis dans la salle d’audience, remplie de partisans de Diab portant des keffiehs palestiniens et appelant à la destruction d’Israël. Pendant les quatre années qui ont suivi, j’ai fait campagne dans les médias français et canadiens pour qu’il soit transféré dans un tribunal parisien.
Après une série d’appels, Diab est arrivé en France. En février 2015, il a été inculpé de « meurtre, tentative de meurtre ; destruction volontaire de biens d’autrui par une substance explosive ou incendiaire en relation avec une entreprise terroriste ; crimes liés à des actes individuels ou collectifs visant à troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».
Finalement, alors qu’un des juges avait temporairement abandonné les charges contre lui et que le procureur avait ordonné à Diab de demeurer en France dans l’attente d’un appel, il s’est enfui par l’Islande vers le Canada, « comme un voleur dans la nuit », sans papiers ni passeport, mais sans doute avec la complicité du personnel de l’ambassade.
Les tribunaux français l’ont déclaré coupable de meurtre in absentia. Depuis lors, le Canada refuse de le renvoyer en France. Ce terroriste est maintenant professeur de « justice sociale » à l’université Carleton, à Ottawa.
En ce sombre anniversaire du 7-Octobre, l’organisation internationale Samidoun (Palestinian Prisoner Solidarity Network, le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens), basée à Vancouver – désignée en 2021 par Israël comme une ONG associée au terrorisme –, a célébré le Hamas et le Hezbollah, brûlé un drapeau canadien et appelé à la mort du Canada, des États-Unis et d’Israël. L’organisation a par la suite confirmé et défendu ces « appels à l’action », affirmant qu’ils reflétaient fidèlement son objectif de « détruire l’État colonialiste et capitaliste du Canada ».
Enfin, le 15 octobre 2024, Samidoun a également été désignée organisation terroriste par les États-Unis et le Canada. Maintenant, elle pourrait devoir se cacher à Ottawa, sous la protection d’Hassan Diab et d’étudiants radicalisés.
Je suis ravi que la question de la réouverture de l’affaire d’extradition d’Hassan Diab ait été abordée par le B’nai B’rith, l’organisation où j’ai commencé à travailler en Europe. J’espère que les familles des victimes et des survivants pourront un jour tourner la page. Quarante-quatre ans plus tard, ce déni de justice est toujours d’actualité.
Shimon Samuels est directeur émérite des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal
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