Par Shimon Samuels, ancien directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal
Paris, le 1er octobre 2024
À la fin de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman a été divisé. En 1920, le Liban et la Syrie d’aujourd’hui ont été mandatés par la France, officiellement pour faire partie de l’Empire français. Bien qu’administré par Damas, le Liban est devenu principalement une terre chrétienne, avec un petit nombre de musulmans sunnites et chiites ainsi que d’autres groupes ethniques et religieux locaux, y compris des Juifs. Leur nombre s’élevait à dix mille après le Farhud irakien, le pogrom anti-juif de 1941. Le Liban, et plus particulièrement Beyrouth, était surnommé « le Paris du Moyen-Orient ».
Jusqu’à l’indépendance du Liban en 1946, malgré les pogroms perpétrés par les chiites, les Juifs libanais se sentaient toujours chez eux. La plupart ont fui en Israël pendant la guerre civile de 1975-1990, à l’instigation de Hafez el-Assad, le président de la République arabe syrienne qui a occupé le Liban en 1976 et massacré son propre peuple.
Peu de temps après la création d’Israël, la France, sous la présidence de Charles de Gaulle, a été l’un de ses plus grands alliés. L’État hébreu a ainsi acquis des avions de guerre et un savoir-faire technologique... jusqu’à ce que la France soit finalement remplacée par les États-Unis.
Pourtant, les services de sécurité français et israéliens se sont souvent entraidés pendant la guerre civile libanaise, tous deux particulièrement préoccupés par le Hezbollah, groupe terroriste en pleine croissance, formé et soutenu par Téhéran. Nous ne pouvons pas oublier l’assassinat, en 1983, de cinquante-huit soldats français à Beyrouth, ni les attaques terroristes du Hezbollah en France en 1985-1986 (après la folie meurtrière de l’OLP/Abu-Nidal). Nous ne pouvons pas non plus oublier le massacre, parrainé par l’Iran (avec la participation du Hezbollah), perpétré à Buenos Aires en 1992 contre l’ambassade d’Israël, qui a fait 29 morts et 242 blessés, ni, en 1994, l’attentat contre le centre juif Amia, toujours à Buenos Aires, qui a fait 85 morts et plus de 300 blessés...
Monsieur le Président, je rappelle ici votre intervention au dîner du Crif en 2019 : « La France se battra contre ceux qui nient l’existence d’Israël... et « L’antisionisme est l’une des formes modernes de l’antisémitisme. ». Vous avez également affirmé votre engagement contre le terrorisme international.
Le 7 octobre 2023, vous avez déclaré : « La France condamne avec la plus grande fermeté les attaques terroristes perpétrées par le Hamas en Israël et exprime sa solidarité avec les victimes. »
Cette année, le 14 avril, vous avez rapidement condamné l’attaque de missiles iraniens contre Israël.
Ce week-end, le Christian Post a indiqué : « Dans une série d’attaques coordonnées, le Hezbollah a lancé des roquettes sur Nazareth, la ville natale de Jésus, qui est aujourd’hui 70 % musulmane et seulement 30 % chrétienne. » D’autres médias ont rapporté que « les forces libanaises liées aux partis politiques chrétiens se sont réjouies de la mort de Nasrallah... » et que « les réfugiés syriens dans le nord du Liban considèrent le Hezbollah comme responsable des dictatures en Syrie et en Iran ».
Monsieur le Président, la situation n’est pas telle que décrite par de nombreux membres de l’ONU, qui condamnent Israël tel un disque rayé. Chaque fois que le Hamas, le Hezbollah, les Houthis, l’Irak, la Syrie, l’Iran ou des diplomates biaisés attaquent Israël, l’onde de choc se propage à travers le Moyen-Orient, l’Europe et les Amériques, fracturant la démocratie, la justice et la paix.
Nous espérons, Monsieur le Président, que la démocratie jaillira « de l’obscurité vers la lumière » et que – une fois le Hamas et le Hezbollah neutralisés et l’influence néfaste de l’Iran jugulée –, le Liban retrouvera un jour son vocable de « Paris du Moyen-Orient ».
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre profond respect.
Shimon Samuels
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