Par Shimon Samuels et Alex Uberti
Paris, le 28 août 2024
La semaine dernière, l’onde de choc du 7 octobre s’est propagée en Europe, qui plie sous le double joug de la haine antisémite et de la menace terroriste.
Tandis qu’un loup solitaire islamiste poignardait au hasard des citoyens allemands à Solingen et qu’un pro-palestinien fanatique du Hamas tentait de faire exploser une synagogue à La Grande-Motte (Hérault), en Italie, des mouvements politiques révolutionnaires et subversifs manigançaient une approche plus globale pour s’en prendre aux Juifs et à la démocratie.
En particulier, le Nouveau Parti communiste italien (n)PCI a présenté une liste de personnalités, d’entreprises et d’institutions juives et israéliennes à « isoler, cibler et éliminer ».
Shimon Samuels, ancien directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, faisait le rapprochement avec la conspiration en ligne « Ils sont partout » en France, remontant à août 2021. Après que le Centre avait alerté les autorités françaises, celles-ci avaient rapidement fermé ce site haineux qui décrivait un réseau tentaculaire de Juifs, d’entreprises et d’organisations internationales, prétendument « responsables de la pandémie de Covid et d’autres tragédies mondiales ».
Se définissant lui-même comme un mouvement révolutionnaire, le Nouveau Parti communiste italien glorifie les terroristes des Brigades rouges, qui ont fait des ravages en Italie il y a cinquante ans. Il appelle à une « insurrection populaire » avec une rhétorique typiquement anachronique. Puisqu’il prétend opérer clandestinement « pour éviter la répression de l’État », son empreinte est à peine visible. Il fournit des noms de code pour identifier ses membres, utilise l’adresse d’une boîte postale dans une banlieue parisienne pour sa correspondance et une messagerie cryptée via le Dark Web. Tout ceci le rend illégal selon la loi italienne.
Alex Uberti, consultant et chef de projet pour CSW-Europe, confirmait que des recherches sont en cours en France et en Italie pour identifier le leader actuel du (n)PCI, son webmaster et ses activistes. En creusant dans ses origines, il a découvert que le (n)PCI a été créé en 1999 par le parti CARC (Comitati di Appoggio alla Resistenza per il Comunismo, comité de soutien à la résistance pour le communisme). Celui-ci se définit également comme marxiste-léniniste et maoïste. Il aurait été à l’avant-garde du communisme insurrectionnel au cours des trois dernières décennies.
Me Francesco Catania a informé CSW-Europe qu’il y a quelques semaines à peine, le CARC avait organisé son « Festival national pour la rédemption populaire », principalement axé sur le soutien à la Palestine et la lutte contre les valeurs libérales et démocratiques. Aujourd’hui, cet avocat italien a déposé une plainte auprès du parquet du tribunal de Rome pour dénoncer les menaces antisémites, les absurdes théories du complot et « le danger pour la démocratie » que représentent ces groupes et individus.
Parmi les conférenciers invités à ce festival figurait le tristement célèbre influenceur et ancien cuisinier Gabriele Rubini (alias le chef Rubio), qui est devenu un propagandiste de premier plan contre Israël après le 7 octobre. Au cours des neuf derniers mois, entre autres infractions, il a publiquement insulté des personnalités juives sur X (Twitter), dont la survivante de la Shoah et sénatrice italienne Liliana Segre, et exhibé en ligne un horrible « couteau antisioniste » à double tranchant (une lame pour trancher et l’autre pour scier) !
À gauche : le « couteau antisioniste », implicitement destiné à menacer les Juifs, les Israéliens
et leurs partisans (Rubio sur X).
À droite : Rubini s’exprimant lors du festival, avec l’animateur du CARC et Maisa Shams de l’UDAP
(Facebook du CARC).
Interrogé par l’animateur du festival sur « comment se débarrasser des sionistes », Rubini a répondu : « Leurs premiers défenseurs sont les journalistes, qui devraient plutôt avoir peur d’aller tous les jours au travail ; ils doivent craindre pour la sécurité de leurs propres enfants... » Cette menace a suscité les applaudissements des participants.
Une autre intervenante, Maisa Shams, de l’Union démocratique arabo-palestinienne (UDAP), a glorifié le massacre du 7 octobre en tant qu’« acte de résistance ». Elle a déclaré que « ceux qui ont été tués le méritaient »...
Nous prions instamment les autorités italiennes de prendre au sérieux les plaintes déposées, d’enquêter sur les instigateurs et auteurs des listes noires antisémites, et de fermer immédiatement les sites qui soutiennent et incitent à la haine et à la violence.
Shimon Samuels est l’ancien directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal.
Alex Uberti est consultant et chef de projet pour CSW-Europe.
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