Paris, le 21 août 2024
Dans une lettre adressée à Patricia Bullrich, ministre argentine de la Sécurité nationale, Shimon Samuels, ancien directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, la félicitait pour l’arrestation d’un groupe de terroristes qui prévoyaient d’assassiner cette semaine des membres de la communauté juive de la ville de Mendoza. Il semble s’agir d’une tentative des talibans, mais cette conspiration pourrait probablement provenir d’Iran, dans le contexte actuel de l’intention meurtrière du régime contre Israël – et contre les Juifs par association – par tous les moyens possibles.
Le même scénario s’était produit à Buenos Aires en janvier dernier : deux Syriens et un Libanais préparaient des attentats dans la capitale argentine.
En janvier, nous avions demandé à l’Argentine de renouveler sa demande à Interpol pour qu’elle recherche les auteurs de l’attentat à la bombe contre le centre juif Amia, perpétré à Buenos Aires en 1994. Cette attaque terroriste, menée par des agents iraniens et un membre libanais du Hezbollah, avait fait 85 morts et plus de 300 blessés. Le président argentin Javier Milei a réactivé les notices rouges d’Interpol concernant les terroristes iraniens survivants, qui sont entre-temps devenus de hauts responsables du régime islamique.
Suspects iraniens de l’attentat à la bombe contre le centre Amia de 1994, faisant l’objet
de notices rouges d’Interpol.
Nous espérons également la réouverture du dossier concernant la 86e victime de l’affaire Amia, le procureur Alberto Nisman, assassiné à la veille de la présentation au Congrès argentin de son rapport dévoilant le réseau d’agents affiliés à l’Iran dans neuf pays d’Amérique du Sud.
S. Samuels avec A. Nisman à Londres, quelques semaines avant l’assassinat de ce dernier en 2015 ;
graphique illustrant le réseau terroriste sud-américain parrainé par l’Iran.
Lors d’une visite dans la région de la Triple Frontière – l’intersection des frontières entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay –, M. Samuels avait pu voir des mollahs chiites dans d’énormes berlines, près de l’immense mosquée de Foz do Iguaçu. Autrefois repaire aisé pour criminels de guerre nazis, la zone de la Triple Frontière sert également de base pour des groupes criminels et terroristes, qui peuvent facilement s’échapper de l’autre côté de la frontière et éviter ainsi d’être arrêtés par la police locale.
À l’occasion du 24e anniversaire de l’attentat à la bombe du centre Amia, en juillet 2018, le Centre Wiesenthal avait organisé au Parlement britannique, avec la Henry Jackson Society, une conférence commémorative, présidée par Lord Trimble, lauréat du prix Nobel de la paix. Parmi les intervenants figuraient l’ambassadeur d’Argentine, une survivante de l’attentat du centre Amia et un expert en matière de juridiction universelle et de procédures d’extradition, Me Michael Caplan. Celui-ci avait fait valoir que « si l’un des suspects iraniens devait poser le pied sur le sol britannique, compte tenu de la notice rouge d’Interpol, il devait être arrêté et incarcéré. La police britannique informerait alors l’Argentine, après quoi Buenos Aires émettrait une demande d’arrestation et une procédure d’extradition ».
Malheureusement, depuis 2018, Interpol n’a eu que peu de chances de mettre en œuvre ses notices rouges.
M. Samuels suggérait au président de l’Argentine et à la ministre de la Sécurité une autre option : que l’Argentine fasse appel à la Cour pénale internationale (CPI) pour ouvrir une enquête sur les actes terroristes parrainés par l’Iran – en particulier, les attentats à la bombe contre le centre Amia en 1994 et contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires en 1992 – ainsi que pour les menaces persistantes que le régime des mollahs inflige à l’Argentine.
Argentine, bienvenue à La Haye !
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