par Shimon Samuels
Paris, le 27 avril 2024
Chaque année en janvier, j’avais coutume d’assister au Forum social mondial (FSM) à Porto Alegre, au Brésil, pour sonder les nouvelles tendances en matière d’antisémitisme et de haine d’Israël.
En 2010, le FSM organisait sa dixième édition, avec pour thème principal « la Palestine » et la préparation des « campagnes de flottilles maritimes et aériennes vers Gaza ». La discussion sur la flottille aérienne (une « invasion » de militants pro-palestiniens par le biais d’avions de ligne) s’était conclue par un échec.
Les participants à la discussion sur la campagne de flottilles maritimes avaient organisé quant à eux une session pour lui trouver un nom « approprié et évocateur ». Finalement, la « Flottille de la liberté pour Gaza » avait été choisie, prétendument pour apporter de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Plus de six cents militants avaient ainsi embarqué sur huit navires au total, dont quatre cargos lourds et le ferry turc Mavi Marmara en navire de tête.
À l’époque, les responsables de Tsahal avaient d’abord convoqué le Mavi Marmara à Ashdod pour inspection, compte tenu aussi de l’absence de port en eau profonde à Gaza. Devant le refus des militants d’obtempérer, des commandos de la marine israélienne étaient montés à bord du navire. Ils avaient été accueillis avec violence, agressés par une quarantaine de membres d’équipage armés d’équipements tactiques, de grenades assourdissantes, de couteaux, de clés à molette et de gourdins.
Cet événement avait suscité des protestations internationales et une frénésie médiatique. Ce n’est que plus tard que des enquêtes ont révélé l’intention de la flottille – plus politique qu’humanitaire. Par exemple, les médicaments transportés étaient périmés avant même que les navires n’aient pris la mer. Le parrain turc de la flottille, IHH, avait été impliqué dans des complots terroristes d’Al-Qaïda. Des images diffusées par Al-Jazeera montraient des militants du Mavi Marmara appelant à « la bataille contre les Juifs » et certains avaient même publié en ligne leur intention de mourir en tant que « martyrs de la cause »...
Selon le centre d’information sur le renseignement et le terrorisme Meir Amit, les organisateurs de la Flottille de la liberté pour Gaza s’étaient à nouveau réunis en Turquie, affirmant avoir mis sur pied une nouvelle flottille « pour briser le blocus israélien », en tant qu’« acte de désobéissance civile » pour « résister aux crimes israéliens » ! Le rassemblement d’Istanbul avait lancé une « Campagne internationale pour sauver Gaza » et perturber l’approvisionnement naval vers Israël. Les organisateurs affirmaient que des navires leur avaient été promis par la Russie et l’Espagne.
Même les Houthis semblaient faire partie du complot, au vu de la manière dont ils entravent efficacement le trafic commercial sur la mer Rouge. Il a été suggéré de détourner un navire pour rejoindre la « Flottille pour libérer Gaza ».
Depuis lors, les organisateurs ont prévu que le plus grand bateau transporterait quelque mille politiciens, journalistes et antisémites pro-palestiniens.
Notre objectif n’était pas seulement de nous assurer que Tsahal soit averti de l’arrivée possible d’une flottille (en tant qu’instrument supplémentaire de la guerre du Hamas contre Israël), mais aussi que les gouvernements et les sociétés « de bonne volonté » soient prévenus du danger. Malgré le renvoi à une date ultérieure de cette opération, nous devons nous tenir prêts.
Le 7 octobre dernier, nous avons été touchés de plein fouet par la haine, les assassinats et les viols. Notre mentor, Simon Wiesenthal, avait pourtant lancé l’alerte : « Pour le bien du monde entier, tirez les leçons de notre tragédie ! »
Shimon Samuels est le directeur émérite des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal.
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Libérez les otages !
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