Paris, le 31 mars 2017
Dans une lettre adressée à l’ambassadeur Michael Worbs, président du Conseil exécutif de l’Unesco, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui exprimait son étonnement « quand j’ai appris que le ministre qatari de la Culture, Hamad bin Abdulaziz Al-Kawari, figurait sur votre liste du 16 mars parmi les neuf candidats au poste de directeur général de l’Unesco, et qu’il devait passer un entretien auprès du Conseil exécutif, le 26 ou le 27 avril ».
<http://en.unesco.org/executive-board/dg-candidates-2017>
La lettre indiquait que, « pas plus tard qu’hier, le Qatar soutenait un projet de résolution qui contestait tout lien israélien/juif avec Jérusalem, aussi bien à l’est qu’à l’ouest de la ville ».
Notre Centre signalait qu’« au cours des cinq années 2012-2016, à la Foire du livre de Francfort, nous avons décerné le ‘‘prix du Pire Délinquant’’ au stand qatari ‘‘pour ses ouvrages sur la théorie du complot et la haine des Juifs’’. Il poursuivait en ces termes : « En 2015, dans une lettre adressée au ministre de la Culture Al-Kawari, concernant déjà à cette époque des articles de presse sur sa candidature à l’Unesco, nous avions attiré son attention sur les festivals de haine antisémite qui se déroulaient sous son autorité au Salon du livre international de Doha. Nous n’avions pas obtenu de réponse. »
<http://www.wiesenthal.com/site/apps/s/content.asp?c=lsKWLbPJLnF&b=4442915&ct=14539137
M. Samuels expliquait que « nous venons de recevoir un ouvrage en arabe, publié en 2013 par le ministère qatari de la Culture et des Sports :
<http://adminuser.mcs.gov.qa/MinistryReleases/كتابالقدسفيعيونالشعراءنهائيطباعة.pdf>
Jérusalem aux yeux des poètes, par Mohammed Kujjah, conseiller de l’Unesco en Syrie pour le patrimoine culturel immatériel ».
Son ouvrage figure sur : <https://www.facebook.com/pg/MhdKujjah/about/?ref=page_internal> <https://twitter.com/mohammadkujjah> (un tweet récent, du 5 mars 2017).
La lettre du Centre dénonçait la préface du livre, rédigée par le Dr Hamad bin Abdulaziz Al-Kawari, qui y apportait son aval (page 5) :
« - Son premier paragraphe se réfère à l’importance de Jérusalem pour les Arabes et les musulmans (la mosquée Al-Aqsa) : Jérusalem sous la domination musulmane symbolisait l’unité de l’islam et sa grandeur, alors que sous l’occupation, c’est un symbole de débâcle et de faiblesse ;
- Le deuxième paragraphe se réfère aux poèmes sur Jérusalem sous la domination musulmane et l’‘‘occupation’’ (les croisades/Israël) ;
- Le troisième et dernier paragraphe (cf. l’image jointe) expose : ‘‘Le ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine a publié ce livre avec la ferme conviction qu’il contribuera à documenter ce qui s’est dit sur Jérusalem dans les poèmes et les événements qu’elle a vécus, et nous prions Dieu pour qu’elle soit libérée de captivité et pour que les musulmans soient incités à la libérer…’’ Signé par le Dr Hamad Bin Abdulaziz Al-Kawari, ministre de la Culture, des Arts et du Patrimoine. »
Couverture et préface du livre
Le Centre soulignait que, « bien que ce livre contienne essentiellement des poèmes sur Jérusalem écrits par des poètes arabes à travers différentes périodes, il semble inclure des théories du complot antisémites.
Exemples :
- Le lien entre Israël et Jérusalem est un mythe, ainsi que l’a exposé le philosophe français Roger Garaudy (page 7). [Il convient de souligner que Garaudy a été mis en examen pour négationnisme de la Shoah] ;
- Israël est à l’origine de tous les problèmes du Moyen-Orient et au-delà : la guerre civile au Liban, la première et la seconde guerre du Golfe, l’invasion de l’Iraq et de l’Afghanistan, la crise au Soudan, en Egypte, etc. (pages 31-32) ;
- Les Juifs contrôlent médias, journaux et maisons d’édition des Etats-Unis et de l’Occident (page 34). »
« Monsieur le Président, pour qui semble adhérer au langage de Goebbels, la direction de l’organe intellectuel des Nations unies n’est pas de mise. Nous tenons à ce que vous le signaliez au Conseil exécutif », concluait M. Samuels.