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« On peut assassiner impunément des Juifs si l’on agit sous l’effet de stupéfiants. »

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Paris, le 6 janvier 2020 

Le 4 avril 2017, Sarah Halimi, une femme juive de soixante-cinq ans à la retraite, ancienne médecin et directrice de crèche, est brutalement rouée de coups avant d’être défénestrée de son balcon, au troisième étage de son immeuble, par son voisin s’écriant « Allahu akbar ».

La Cour d’appel rejettera les accusations au motif que l’assassin était pénalement irresponsable car il avait agi sous l’emprise du cannabis.

Dès le début des procédures judiciaires, le Centre Simon Wiesenthal s’était adressé au ministre de la Justice pour que soient examinées les ramifications d’une affaire à l’antisémitisme flagrant et brutal.

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De gauche à droite : Richard Odier, président du Centre Wiesenthal France, Shimon Samuels,
directeur des Relations internationales, Graciela Samuels, et des membres du Centre.

Malgré la grève des transports et de nombreuses personnes toujours en congés de fin d’année, des milliers d’autres ont répondu à l’appel de ce dimanche, qui est devenu une marche solidaire contre l’antisémitisme. Fortuitement, le rassemblement place de la République puis la marche jusqu’à l’immeuble où la victime avait vécu se déroulaient en même temps qu’une manifestation à New York qui réunissait Juifs et sympathisants pour la même cause – la résurgence de l’antisémitisme. Le Centre Simon Wiesenthal y participait là aussi.

« Pendant et après la Shoah, l’océan Atlantique faisait office de périmètre de protection, quand la violence anti-juive déferlait à travers l’Europe. Aujourd’hui, l’incitation à la haine se déclenche sur le Vieux Continent, puis l’onde de choc se propage jusqu’aux États-Unis, où la même violence resurgit par le biais des médias sociaux », alertait le directeur des Relations internationales du Centre, Shimon Samuels.

« Depuis l’attentat de la synagogue Copernic en 1980, le massacre du restaurant Goldenberg en 1982, l’effroyable enlèvement, torture et meurtre d’Ilan Halimi en 2006, en passant par l’attaque meurtrière d’une école juive à Toulouse en 2012, le braquage et la tuerie de l’Hyper Cacher en 2015, jusqu’à Sarah Halimi en 2017, suivie en 2018 de Mireille Knoll, une rescapée de l’Holocauste âgée de 85 ans sauvagement poignardée et brûlée en 2018… la liste est longue, sans compter les tabassages, attaques au couteau, profanations de cimetières et une litanie d’autres agressions perpétrées dans la France entière », énumérait le Centre.

Pour protéger ce rassemblement et cette marche, les forces de l’ordre ont pleinement joué leur rôle.

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Mais le cauchemar est loin d’être fini.

« L’affaire Sarah Halimi est un révélateur. Des intellectuels, des célébrités et des journalistes, des Juifs et des non-Juifs élèvent maintenant la voix. Les participants à cette manifestation exigent que justice soit faite… Le tribunal reviendra-t-il sur son injuste décision ? S’il ne le fait pas, un panneau brandi lors du rassemblement véhicule un message sarcastique qui accentue une réalité inacceptable – ‘‘On peut assassiner impunément des Juifs si l’on agit sous l’effet de stupéfiants’’ », concluait M. Samuels.

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