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Éditorial de Shimon Samuels publié en anglais dans The Times of Israel
le 18 avril 2022
https://blogs.timesofisrael.com/why-a-le-pen-administration-would-ruin-france-and-beyond/

Le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, dirigeait la vieille tanière française des néo-nazis, le Front national (FN). Outre ses procès pour racisme, il a maintes fois été condamné pour négationnisme, en particulier pour avoir qualifié les chambres à gaz nazies de « détail de l’Histoire » !

Sa fille l’a expulsé du parti, qu’elle a ensuite rebaptisé « Rassemblement national » (RN). Pourtant, de nombreux membres du parti conservent leurs opinions national-socialistes. Ils sont susceptibles de recevoir des sinécures gouvernementales ou même d’être membres de son cabinet, si elle est élue.

Marine Le Pen, en tant que députée élue au Parlement européen, a fait entrer le RN dans le groupe d’extrême droite, proche de l’AfD allemande, du FPÖ autrichien, du Vlaams Belang belge, de l’UKIP britannique, de la Lega italienne, du Fidesz hongrois, du Vox espagnol et d’autres extrémistes émergents qui se réunissent régulièrement à travers l’Europe pour échanger leurs pratiques et coordonner leur action internationale.

En 2014, pour des élections régionales, le FN s’était tourné vers la Russie de Poutine pour un prêt de neuf millions d’euros, actuellement en cours de remboursement. Huit ans plus tard, Marine Le Pen, au RN, obtenait un autre prêt, d’un montant de 10,6 millions d’euros, auprès d’une banque hongroise, pour financer la campagne présidentielle de cette semaine. On pense que le Premier ministre hongrois Viktor Orban avait facilité ce prêt, entre une réunion à Budapest en octobre 2021 et un conclave à Madrid en janvier 2022 de partis populistes partageant les mêmes idées.

Le programme international ambigu de Le Pen commence par cette déclaration : elle indique partager les mêmes valeurs que Vladimir Poutine et l’admirer – elle le considère comme le nouveau leader mondial. Elle ne mentionne guère la guerre en Ukraine ni ses victimes. Elle a souligné que de meilleures relations avec Moscou empêcheraient la Russie de trop se rapprocher de la Chine. Et ajouté : « Je ne placerai simplement jamais nos forces armées sous un commandement qui ne relève pas de la souveraineté nationale française, ni sous un commandement intégré de l’Otan ni sous un futur commandement européen. » Elle préfère mettre fin aux programmes militaires conjoints franco-allemands plutôt que d’adhérer à une politique macronienne de courbette devant Berlin.

À propos du Brexit, elle envie les Britanniques de s’être débarrassés de la bureaucratie européenne de Bruxelles, mais elle affirme qu’un « Frexit » n’est pas à son ordre du jour.

Au premier tour, le programme anti-musulmans et anti-migrants de Le Pen semblait même quelque peu atténué – sauf pour le foulard islamique qu’elle déclarerait illégal –, en particulier par rapport au candidat d’extrême droite Éric Zemmour.

Pendant ce temps, lors de son premier mandat, le président Macron avait promis de créer un « islam français ». Le Forum de l’islam de France (Forif) s’est réuni pour la première fois en février dernier. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait fermé plusieurs mosquées marquées par une forte influence de l’étranger et fréquentées par des djihadistes ou impliquées dans le financement du terrorisme. On attend maintenant des imams qu’ils se conforment à la nouvelle loi contre le séparatisme, qui vise à les rééduquer conformément au droit français.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a été dissous. L’un de ses groupes comprenait l’organisation qui m’avait poursuivi pour diffamation. J’ai été acquitté après un procès qui a duré quatre ans.

Sur les questions juives, Marine Le Pen avait curieusement appelé à ce que Jérusalem ait un « statut international ». Elle interdirait la shehita, le rite d’abattage des animaux. Elle a également affirmé qu’elle était la plus à même de protéger efficacement les Français de confession juive.

En conclusion, voici un avertissement aux électeurs juifs français malavisés pro-Le Pen, qui croient que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami » : un gouvernement extrémiste sous le contrôle du RN s’en prendra d’abord au Peuple du vendredi, avant de s’attaquer au Peuple du samedi.

L’expérience de la première administration Macron doit se poursuivre selon les préceptes de la Haggadah de Pessa’h : gouverner « la main forte et le bras étendu ».

Ce n’est pas la voie du Rassemblement national ni de Marine Le Pen.

Shimon Samuels est le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal. Il a occupé les fonctions de directeur adjoint de l’Institut Leonard Davis sur les relations internationales de l’Université hébraïque de Jérusalem, directeur européen de la Ligue antidiffamation et directeur israélien de l’American Jewish Committee. Il est né au Royaume-Uni où il a fait ses études, ainsi qu’en Israël, aux États-Unis et au Japon.