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« Cracher sa haine peut tuer, ce n’est pas de la liberté d’expression. »

Paris, le 22 septembre 2020

Dans une lettre adressée à la dirigeante pour l’Europe et le Moyen-Orient de YouTube, Cécile Frot-Coutaz, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui faisait part de « sa consternation en visionnant des vidéos sur YouTube de Freeze Corleone (pseudonyme d’Issa Lorenzo Diakhaté) incitant à la haine antisémite. Phénomène encore plus dérangeant, un de ses clips posté sur YouTube la veille du nouvel an juif affichait plus d’un million de vues, et quinze mille de ses albums ont délibérément été mis en vente le jour anniversaire du 11-Septembre… Freeze s’inspire du pseudo-comédien Dieudonné M’bala M’bala, antisémite notoire… Ses raps viennent d’être condamnés par le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin ».

M. Samuels soutenait que « Freeze s’est servi de YouTube pour véhiculer l’incitation à la haine, influençant de jeunes Européens d’origine africaine contre la communauté juive, qui elle-même est déjà la cible d’extrémistes et de djihadistes à travers la France, l’Europe et le Moyen-Orient – toutes ces régions, Madame, sont sous votre coupe ».

La lettre se poursuivait en ces termes : « En contradiction nette avec la plateforme YouTube américaine, l’Assemblée nationale française a adopté, le 24 juin dernier, la loi Avia, qui exige que tout contenu haineux et pornographique ‘‘manifestement illicite’’ soit retiré des sites Internet sous vingt-quatre heures. Cette législation s’inspire de la loi allemande du 1er septembre 2017, la loi NetzDG, qui sanctionne sur-le-champ l’idolâtrie de Freeze pour Hitler et Goebbels. »

Voici quelques exemples des raps malveillants de Freeze Corleone :

« Tout pour la famille pour qu’mes enfants vivent comme des rentiers juifs ;
Négro, dans l’ombre on complote comme les Bilderberg ;
Déter’ [déterminé] comme Adolf, années 40 pétasse ;
J’suis à Dakar, t’es dans ton centre à Sion, s/o les Indiens d’Amérique, s/o l’esclavage ;
Nique un sioniste comme BHL [Bernard-Henri Lévy] ;
Tous les jours RAF [rien à foutre] de la Shoah ;
Chen Zen, j’ai les techniques de propagande de Goebbels ;
Seigneur de guerre comme le mollah Omar [ancien chef taliban afghan et idéologue antisémite] ;
Fuck le 11, fuck le 911, dans l’complot depuis le 9/11 ;
Faut qu’j’fasse tourner l’khaliss [l’argent en langue wolof] dans ma communauté comme un Juif ;
Fuck un Rothschild, Fuck un Rockefeller. » 

Un autre morceau :
« Trop de Cohen, trop de Juifs dans le rap, trop de Juifs dans la finance, trop de Juifs dans la politique, trop de Juifs dans les complots, trop de Juifs dans nos manuels scolaires. Et face à eux, le courage et la bravoure du IIIe Reich et de son mysticisme héroïque… »

M. Samuels faisait remarquer à Mme Frot-Coutaz qu’« en 2017, YouTube USA aurait mené une purge au sein de la plateforme pour trouver rapidement et retirer tout contenu illégal, en raison d’une explosion de vidéos dérangeantes destinées aux enfants ».

Le Centre priait instamment « YouTube Europe d’aller plus loin en montrant la voie – à tous les réseaux sociaux actuels et futurs et aux jeunes générations – en retirant tous les contenus de Freeze Corleone et de ses émules ».

« Si ce genre de langage ne nous scandalise pas, c’est que nous n’y avons pas prêté assez d’attention. Mais cracher sa haine peut tuer, et cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression », concluait M. Samuels.