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Paris, le 10 septembre 2020 

Dans une lettre adressée au secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise, Mats Malm, le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, Shimon Samuels, attirait son attention sur « votre réunion d’octobre prochain [au cours de laquelle] vous établirez la liste des candidats au prestigieux prix Nobel de littérature 2020. Parmi ceux-ci est pressenti l’écrivain portugais António Lobo Antunes ».

La lettre indiquait qu’« en 2005, Lobo avait été invité en Israël pour y recevoir le Prix Jérusalem pour la liberté des individus dans la société. De retour au Portugal, en octobre 2006, le journal Pública l’avait interviewé pour lui demander ses impressions sur Israël en tant qu’État juif. L’article paru peut être lu comme une furieuse attaque pleine de mépris et de dégoût ».

M. Samuels soutenait que « ceci serait dû à ce que Lobo appelait ‘‘leur obsession omniprésente de la Shoah’’. Le Centre Wiesenthal estime que ce langage est une banalisation de l’Holocauste, reconnue comme une forme d’antisémitisme selon la définition de l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) ».

Lobo Antunes se serait plaint des contrôles de sécurité à son arrivée à l’aéroport international Ben-Gourion. Il aurait ressenti « un climat permanent de peur » et pensé que « l’État d’Israël a été créé par la haine… » « Ils détestent les Allemands… L’Holocauste, encore et toujours… On m’a emmené dans le quartier allemand, j’ai demandé à mon guide ‘‘Où sont les Allemands ?’’ Il a répondu ‘‘Nous les avons tous jetés dehors !’’… »

Lobo aurait continué sur sa lancée : « J’ai été choqué d’apprendre qu’ils n’ont jamais de relations sexuelles avec des non-Juifs… J’ai été aussi choqué par le samedi, quand tout est déserté et qu’on ne peut pas conduire de voiture… J’avais pensé que la Terre promise était belle, mais elle est faite de pierres et de sable – tout y est jaune ! »

Le journaliste du Pública lui a demandé : « Pourquoi n’avez-vous pas évoqué ces sentiments quand vous étiez en Israël ? » Il a répondu (sic) : « J’ai pensé que ce serait indélicat ! J’ai été invité et traité comme une personne très importante. »

M. Samuels expliquait que « Lobo Antunes dépeint des personnages juifs dans plusieurs de ses nouvelles. Malheureusement, ses sentiments semblent différents quand il est confronté à de vrais Juifs dans leur propre État. Au cours de ces dernières quatorze années, il ne s’est jamais rétracté publiquement ni n’a semblé exprimer de remords ou d’excuses pour ce qui paraît bien être de l’antisémitisme ».

Le Centre invitait le secrétaire perpétuel « à soumettre ces observations à la réunion de l’Académie suédoise et à disqualifier la candidature d’António Lobo Antunes au prix Nobel de littérature ».

« Comme nous l’avons démontré ici, Lobo Antunes entacherait cette récompense, et le prix Nobel pourrait être perçu comme le prix de la haine », concluait M. Samuels.