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« Le projet de loi surnommé ‘‘Territoires occupés’’ fait obstacle à la coalition gouvernementale irlandaise. »

« Monsieur le Premier ministre, votre coalition devrait se concentrer sur la lutte contre la pandémie de Covid-19 et sur ses répercussions économiques. Mais peut-être qu’après tout, le projet de loi sur les ‘‘Territoires occupés’’ a une certaine incidence. Un boycott d’Israël aurait en effet un impact négatif sur une collaboration fondée sur la recherche d’un remède à ces deux problèmes ! » 

Paris, le 11 juin 2020 

Dans une lettre adressée au Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui exprimait la vive inquiétude de ses membres car, « depuis les dernières élections générales qui ont eu lieu en Irlande, le projet de loi surnommé ‘‘Territoires occupés’’ fait obstacle à la formation d’une coalition gouvernementale. De son vrai nom ‘‘Contrôle des activités économiques’’, ce projet de loi porte sur l’État d’Israël ».

M. Samuels rappelait « une Irlande qui s’était identifiée à l’État juif, en un temps où les deux pays cherchaient à s’affranchir du joug britannique… » En 1976, il avait été émerveillé de découvrir son homonyme, « Samuels », imprimé sur l’auvent d’une vieille boutique de Lombard Street, dans le quartier juif de Dublin. 

La lettre indiquait que, « dans les années 1950, les linguistes irlandais tentaient de faire renaître le gaélique en s’inspirant de l’expérience de l’hébreu moderne ». 

Le Centre se remémorait comment, « dans les années 1980, nous avions reçu l’appui du public irlandais dans l’affaire du criminel de guerre nazi hollandais Pieter Menten, dont la collection d’art d’après-guerre avait été pillée à des Juifs assassinés. Il avait acheté un manoir à County Waterford. Son séjour en Irlande avait été interrompu par le bien-aimé avocat de confession juive Stanley Asher Siev et par votre prédécesseur, le Premier ministre Garret FitzGerald, qui interdit à Menten de résider en Irlande… Une autre affaire s’ensuivit, celle de la collection Hunt à Limerick ».

M. Samuels poursuivait en ces termes : « En 1986, avec le concours de Fáilte Ireland (l’agence nationale de tourisme de la République d’Irlande), nous avions amené une délégation de membres du Congrès américain de confession juive et de députés américains d’origine irlandaise à Jérusalem et à Dublin. Les autorités irlandaises souhaitaient nouer des liens touristiques, commerciaux et d’investissement avec les Américains de souche irlandaise, en prenant pour modèle la relation entre Israël et la diaspora juive. » 

Le Centre se voyait attristé par le fait que, « avec les ‘‘troubles’’ en Ulster, nous avons été confrontés à un tournant politique négatif vis-à-vis d’Israël et des Juifs en général… Le projet de loi sur les ‘‘Territoires occupés’’ sert à masquer la campagne BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions)… Pour les Juifs, le terme ‘‘boycott’’ éveille le slogan nazi Kaufen nicht bei Juden (‘‘N’achetez pas chez les Juifs’’) ».

M. Samuels ajoutait que « BDS a pour objectif de faire disparaître l’État hébreu de la carte. Fait clairement mis en lumière par la définition de l’antisémitisme de l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) – une organisation et une définition auxquelles nous invitons vivement l’Irlande à adhérer ». 

« BDS qualifie Israël de ‘‘régime d’apartheid’’, diffamant ainsi un pays où les dernières élections ont fait entrer quinze Arabes à la Knesset (le Parlement). Ils représentent maintenant le troisième plus grand parti de cette assemblée. »

M. Samuels concluait sa lettre en ces termes : « Monsieur le Premier ministre, votre coalition devrait se concentrer sur la lutte contre la pandémie de Covid-19 et sur ses répercussions économiques. Mais peut-être qu’après tout, le projet de loi sur les ‘‘Territoires occupés’’ a une certaine incidence. Un boycott d’Israël aurait en effet un impact négatif sur une collaboration fondée sur la recherche d’un remède à ces deux problèmes ! »