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« L’imagerie de Juifs saignant un enfant chrétien pour l’incorporer à la matzah refait souvent surface avant les Pâques juive et chrétienne… Cette accusation de meurtre rituel saigne encore ! »

Paris, le 27 mars 2020

Dans une lettre adressée au cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, le directeur des Relations internationales du Centre Simon Wiesenthal, Shimon Samuels, lui exprimait sa consternation face à une peinture de Giovanni Gasparro publiée récemment sur le Net. Cet artiste italien se considère comme un fervent catholique, mais il semble récuser les principes du Concile Vatican II et de Nostra Aetate.

La lettre expliquait que « cette nouvelle peinture de Gasparro représente le Martirio di San Simonino da Trento per Omicidio Rituale Ebraico (le martyre de saint Simon de Trente pour homicide rituel juif), soit la réédition de l’accusation de meurtre rituel contre les Juifs, survenue en 1475. Le tableau dépeint les Juifs tels qu’ils sont représentés dans l’imagerie antisémite, ‘‘célébrant l’assassinat d’un enfant chrétien pour incorporer son sang au pain azyme’’ ».

27 March 2020
L’horrible représentation du meurtre rituel, dans une peinture contemporaine de Giuseppe Gasparro
et dans une illustration de la fin du XVe siècle.

Le Centre rappelait que, « au Moyen Âge, cette accusation de meurtre rituel contre les Juifs n’a pas eu pour seule conséquence la torture et l’exécution de la communauté juive locale, mais son imagerie avait provoqué une forte recrudescence de violences antisémites à travers toute l’Europe. La représentation qu’en fait Gasparro aujourd’hui, encore plus cinglante, va vraisemblablement produire son effet dans les médias sociaux ».

M. Samuels expliquait que « la peinture a été mise en ligne le 24 mars, jour de la traditionnelle fête de San-Simonino. Une conférence devait suivre, prévue le 3 avril mais reportée à cause de la pandémie, sur ‘‘L’invention du coupable et la dissimulation de l’innocent – le cas de saint Simon de Trente’’. Le conférencier, Don Francesco Ricossa, se consacre à diffuser l’accusation de meurtre rituel antisémite ».
Voir (en italien) : <https://sansimoninotrento.wordpress.com/>

Ce site nostalgique s’ouvre sur une prière : « Dieu, restaurateur de l’innocence, au nom de qui Simon le bienheureux fut très cruellement tué par les Juifs perfides… »

La lettre se poursuivait en ces termes : « Votre Éminence, le fait que ces festivités et conférences se déroulent chaque année à l’époque des Pâques juive et chrétienne est très dérangeant… Le Concile Vatican II avait pris la décision d’interdire la vénération de Simon de Trente, dans le but de combattre l’antisémitisme au sein de l’Église. Nostra Aetate a aussi entrepris un rapprochement, souhaité depuis longtemps, entre le christianisme et le judaïsme.

Le Centre ajoutait que, « comme vous le savez, le Centre Wiesenthal a rencontré le 20 janvier dernier Sa Sainteté le pape François au cours d’une audience où ce dernier a condamné l’antisémitisme dans une déclaration passionnée ».

« L’œuvre de Gasparro semble bien accueillie dans les églises italiennes mais, de toute évidence, cette peinture fomente la recherche de boucs émissaires, dans un climat de fake news récurrentes. Elle sape ainsi la politique du Saint-Siège et c’est pour cette raison qu’elle doit être franchement et publiquement condamnée… Nous serions heureux d’obtenir l’aide de Votre Éminence, car cette accusation de meurtre rituel saigne encore ! », concluait M. Samuels.