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Éditorial de Shimon Samuels publié dans The Jerusalem Post
le 4 octobre 2018
https://www.jpost.com/Opinion/From-New-York-to-Paris-Antisemitism-at-UNESCO-568691

Certains pays à l’Unesco tirent toutes les sonnettes pour humilier et rabaisser l’État juif. Ou peut-être pas !

4 Oct. 2018
Vue générale du siège de l’Unesco à Paris (photo Reuters).

Cette semaine, 58 des 195 États membres de l’Unesco se réunissent pour le 205e Conseil exécutif biennal de l’Organisation, pour une durée de deux semaines. Ils vont examiner des rapports sur le budget, les programmes, les échecs et les réussites. Ils vont échanger, négocier au sein et au-delà de leurs blocs régionaux.

Certains se sentiront intimidés, d’autres vont marchander leurs voix pour soutenir des candidats aux élections de tout le système onusien. Mais, par-dessus tout, ils vont tirer toutes les sonnettes pour humilier et rabaisser l’État juif.

En 1992, le Centre Simon Wiesenthal organisait la toute première conférence internationale de l’Unesco sur les moyens de juguler l’antisémitisme. En 1993, Federico Mayor, alors directeur général de l’Unesco – si fier de ses racines juives –, se rendait à Los Angeles pour inaugurer le musée de la Tolérance, émanation de notre Centre.

En 2003, son successeur, Koichiro Matsuura, ouvrait la deuxième conférence sur les moyens de juguler l’antisémitisme au siège parisien de l’Unesco. Il irait visiter le musée quelques mois plus tard.

En 2012, la directrice générale Irina Bokova leur emboîtait le pas dans une ambiance très différente. La « Palestine » était entrée à l’Unesco en novembre 2011 avec un appétit vorace pour le chaos.

Le Centre Simon Wiesenthal, en sa capacité de « partenaire associé » de l’Unesco, luttait contre la tempête qui s’annonçait au moyen de son exposition « Le Peuple, le Livre, la Terre : 3 500 ans de relations entre le peuple juif et la Terre sainte ». Reportée, passée au peigne fin, annulée, elle finit par s’ouvrir à l’Unesco en 2014, avec un immense soutien juif et non-juif.

C’est ainsi qu’avait débuté une campagne d’usurpation du patrimoine juif au profit de la « Palestine », avec toujours plus de résolutions pour diaboliser Israël plutôt que – entre autres, parmi les États votants – l’Iran, l’Irak, le Myanmar, le Venezuela et le Zimbabwe combinés.

La directrice générale en exercice, Audrey Azoulay, mérite des louanges pour son intention de dépolitiser cette agence onusienne. Son ouverture du symposium sur le combat contre l’antisémitisme par l’éducation, qui a eu lieu la semaine dernière au siège de l’ONU à New York – la ville qui abrite la plus grande population juive au monde –, représente un courageux défi.

Ses tentatives d’ajourner les votes sur des résolutions antisémites, telles que celles qui demandent la « déjudaïsation » du mont du Temple à Jérusalem, du caveau des Patriarches à Hébron et même du Mur occidental, sont des mesures tactiques, mais non pas une stratégie qui puisse guérir l’Unesco de sa maladie de l’antisémitisme.

Après avoir quitté le siège de l’ONU à New York, ces personnes malintentionnées sont maintenant revenues au siège de l’Unesco à Paris.

Nous comptons sur la directrice générale pour qu’elle conserve l’esprit de son symposium sur le combat contre l’antisémitisme. Elle doit faire usage de son autorité pour se rapprocher des décideurs et, au minimum, exiger un certain équilibre : le libellé « mont du Temple » doit toujours figurer avec la mention « Haram al-Sharif » (le Noble Sanctuaire) ; le Mur occidental du Temple doit toujours être reconnu comme juif – un équilibre qui serait le bienvenu dans l’éventualité d’autres conflits.

Ceci exigera une éducation « en interne » sur l’histoire juive tout au long de ses 3 500 ans d’existence.

Une compréhension que « l’ajournement » des résolutions antisémites n’est que tactique. On ne devrait même jamais les envisager.

Le jour où Mme Azoulay a investi ses fonctions, je suis parti à la fin de la cérémonie avec quelque quinze ambassadeurs et responsables de l’Unesco. Le numéro 3 au sein de la hiérarchie a couru après moi. A portée de voix de ses collègues, il a crié : « Shimon, tu dois être content d’avoir ta Juive comme directrice générale ? »

Je lui ai répondu : « Nous sommes ravis d’avoir une directrice générale de qualité. »

« Ah oui, a-t-il rétorqué, mais vous ne pourrez plus nous appeler des antisémites et vous pourrez continuer de tuer des enfants ! »

Ceux qui nous écoutaient, gênés, sont restés figés. Ils venaient de comprendre ce qu’est l’antisémitisme.

L’auteur est observateur permanent du Centre Simon Wiesenthal auprès de l’Unesco.