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Paris, le 2 novembre 2023

1) Je suis arrivé à Paris en 1979, juste après l’attentat à la bombe contre un centre d’étudiants juifs (33 blessés). Ses auteurs prétendaient appartenir à un collectif antisioniste.

2) Le 3 octobre 1980, jour de Souccot, j’accompagnais Aliza Shagrir, venue d’Israël, dans un magasin de fruits. J’ai continué mon chemin tout droit, elle s’est dirigée vers la synagogue Copernic et elle est morte dans l’explosion d’un attentat terroriste (4 morts et quelque 40 blessés). Le lendemain matin, le Premier ministre français de l’époque, Raymond Barre, déclarait : « Cet attentat odieux qui voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents. » Aliza était israélienne.

3) Au cours de la décennie suivante, une série d’attentats terroristes a endeuillé la France. À leur nombre notamment, l’assassinat d’un diplomate de l’ambassade d’Israël, Yacov Bar-Simantov, par Georges Ibrahim Abdallah, chef de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (la FARL, un groupe marxiste pro-palestinien). Abdallah purge actuellement une peine d’emprisonnement à perpétuité en France, mais des militants d’extrême gauche font quotidiennement campagne pour sa libération. En 1982, l’attaque à l’arme à feu de l’organisation palestinienne Abu-Nidal a fait 6 morts et 33 blessés dans le restaurant de Jo Goldenberg, rue des Rosiers, à Paris. Israël a réagi en pénétrant dans le Sud-Liban, pour frapper les camps d’entraînement des terroristes européens. Ces derniers sont alors rentrés chez eux, mettant en danger les dénommés « innocents ». Les autorités françaises, allemandes et italiennes ont dû sévir avec efficacité.

4) Après cette vague d’assassinats par des individus étrangers, des islamistes issus de l’immigration ont surgi des banlieues des grandes villes. L’enlèvement, la torture et le meurtre d’Ilan Halimi en janvier 2006 ont été perpétrés par une cellule hétéroclite de 20 personnes (appelée « le gang des barbares »). Leur chef, un Franco-ivoirien, dirigeait les négociations par téléphone depuis l’Afrique. Les geôliers ou tortionnaires étaient d’origines différentes, l’un martiniquais, d’autres d’origine maghrébine. Leur dénominateur commun était l’antisémitisme.

5) Galvanisé par la flambée du terrorisme mondial, un loup solitaire a attaqué en 2012 l’école Ozar Hatorah de Toulouse. Il a assassiné à bout portant deux frères de 3 et 5 ans et leur père ainsi qu’une fillette de 8 ans. Il a été suivi en 2017 par le meurtre et la défenestration de Sarah Halimi, 65 ans, et, en 2018, le meurtre de Mireille Knoll, une survivante de la Shoah âgée de 85 ans. Dans les deux cas, les assassins ont agi aux cris d’« Allahou Akbar », prétendant soutenir la cause palestinienne.

6) La France est alors devenue le théâtre de meurtres de masse, du massacre de Charlie Hebdo à la tuerie du supermarché Hyper Cacher en janvier 2015. Le président François Hollande a décidé d’assurer la protection militaire des écoles, synagogues et institutions juives. En novembre de cette même année, des terroristes lourdement armés ont tué 130 personnes et fait plus de 400 blessés dans et autour de la salle de spectacle parisienne du Bataclan. Un attentat terroriste au camion-bélier à Nice, le 14 juillet, jour de la fête nationale, s’est soldé par 86 morts et plus de 400 blessés. Tous les meurtriers avaient été nourris d’antisémitisme soit dans des mosquées, soit sur les réseaux sociaux djihadistes. Nombre de citoyens et de familles françaises étaient endoctrinés par les Frères musulmans, qui prêtaient allégeance à Daech (l’État islamique) et adoptaient la cause palestinienne à travers le prisme du Hamas...

7) Au lendemain du 7 octobre 2023, l’extrême gauche populiste française a été incapable de condamner les monstres. Elle a préféré surfer sur la vague des manifestations, brandissant des drapeaux palestiniens aux côtés des bannières du Hamas et de l’ÉI, arrachant les affiches « Libérez les otages », criant au meurtre... Tout cela rappelle la nuit de Cristal nazie du 9 novembre 1938 contre les synagogues et les commerces juifs.

8) La nuit de Cristal avait inauguré les attaques systématiques contre les Juifs et la mise en œuvre de la Shoah. Les manifestations d’aujourd’hui sont les précurseurs d’un nouveau déferlement d’antisémitisme : en France et dans toute l’Europe, on a vu des étoiles de David taguées sur des immeubles où résident des familles juives, des jeunes identifiant des maisons juives par les mezouzah apposées à leurs portes, des étudiants juifs menacés par leurs camarades de classe... Les messages sur les réseaux sociaux sont de plus en plus incendiaires : l’extrême gauche et l’extrême droite s’y confondent avec les islamistes autour des théories du complot les plus folles, glorifiant le terrorisme, banalisant la brutalité, appelant au génocide !

9) L’antisémitisme revient en force. Aujourd’hui, rien qu’en France, plus de 900 incidents antisémites ont été signalés depuis le 7 octobre. À titre de comparaison, il y en avait eu environ 450 sur l’ensemble de l’année 2022. Plus de 400 arrestations ont eu lieu au cours des trois dernières semaines. 83 % des Français se disent inquiets de cette recrudescence de l’antisémitisme... car, pour revenir sur l’annonce du Premier ministre de l’époque au regard de l’attentat de Copernic, « ceux qui voudraient frapper des Juifs pourraient blesser des ‘‘innocents’’ » !

Mais le plus inquiétant, ce sont les 17 % qui ne se sentent pas concernés !

10) L’attaque meurtrière du Hamas contre Israël est survenue à la veille de la signature probable des accords d’Abraham entre Israël et l’Arabie saoudite.
Le silence assourdissant – et l’absence d’empathie pour les victimes juives et internationales du 7 octobre – nous hantent. C’était une attaque terroriste contre la paix de demain entre Israël et les Arabes ! Et c’est bien l’objectif du Hamas.

Il faut du courage et de la raison pour éradiquer le terrorisme et forcer ses commanditaires à cesser leur œuvre destructrice. Notre Centre avait demandé à l’ancien président Hollande de poster des gardes devant toutes les institutions juives. Ils ont été enlevés. Le président Macron les a maintenant remis en place.

Après Copernic, le regretté Sammy Ghozlan et le Centre Wiesenthal avaient instauré une permanence téléphonique ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour les Juifs de France victimes d’actes antisémites, les assurant d’une réponse rapide. Le temps est venu de renouveler largement ce service.

Par Shimon Samuels, directeur des Relations internationales

PUISSE LE PEUPLE D’ISRAËL ÊTRE FORT - LIBÉREZ LES OTAGES !

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