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Éditorial de Shimon Samuels publié en anglais dans The Times of Israel
le 16 février 2021
https://blogs.timesofisrael.com/franco-fascism-neo-nazism-still-dies-hard-in-spain-our-enemy-is-the-jew/

La guerre civile espagnole a laissé des cicatrices qui perdurent aujourd’hui, divisant les familles et les mouvements idéologiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche.

Les troupes d’Hitler et de Mussolini et les armes que les deux dictateurs ont fournies à Franco l’ont porté au pouvoir, en prélude à la Seconde Guerre mondiale.

Bien que le gouvernement franquiste ait déclaré sa neutralité, il a poursuivi sa coopération militaire avec l’Allemagne nazie. Quelque quarante sept mille volontaires espagnols, issus pour la plupart des phalangistes franquistes, se sont battus, principalement sur le front de l’Est, contre l’Union soviétique, d’abord en tant que Division bleue, puis dans les rangs de la Waffen-SS.

Les Alliés ont pourtant signalé à Franco que la Division bleue violait la neutralité espagnole, en particulier après son rôle dans la bataille de Krasny Bor, le 13 février 1943, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Léningrad (Saint-Pétersbourg).

Cette année, le samedi 13 février – pour le 78e anniversaire de cette bataille –, quelque trois cents personnes ont défilé à Madrid jusqu’au cimetière de La Almudena pour rendre hommage à la Division bleue (División Azul), répondant à l’appel de groupes néonazis : la Juventud Patriota (Jeunesse patriotique), España 2000 et la Phalange espagnole.

Brandissant des bannières « en l’honneur et à la gloire des morts au combat », les bras tendus dans le salut hitlérien, ils ont entonné des chants fascistes. Un orateur a déclaré : « Il est de notre devoir de nous battre pour l’Espagne et de nous battre pour l’Europe, aujourd’hui faible et sous le joug de l’ennemi. Notre ennemi sera toujours le même, même sous des masques différents... Le Juif est le coupable et c’est pour cette raison que la Division bleue s’est battue. »

Des couronnes en forme de croix gammées ont été déposées sur le monument.

Depuis plus de trente ans, le Centre Wiesenthal a suivi le parcours de nazis exfiltrés d’Espagne vers l’Amérique latine, découvert d’anciens nazis résidant le long de la Costa Blanca, assisté aux procès d’éditeurs néonazis basés en Espagne et dénoncé des ventes aux enchères de souvenirs nazis.

Le plus troublant dans le défilé de samedi en l’honneur de la Division bleue, c’est la participation massive de jeunes. Il y a clairement des lacunes dans la formation de ces jeunes, lacunes qui requièrent un programme d’études sur les dangers du néofascisme en Espagne et l’incitation à la haine et à la violence antisémites qui lui sont intrinsèques. Cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression.

Hélas, franquisme et néonazisme ont la peau dure dans l’Espagne d’aujourd’hui.