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Paris, le 9 novembre 2018

Le Centre Wiesenthal, par l’intermédiaire de son partenaire, le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), a exprimé « sa vive inquiétude quand le président Macron a eu l’intention d’inclure, parmi les maréchaux de France de la Première Guerre mondiale célébrés ce 11 novembre, Philippe Pétain. Car cet antisémite avéré collabora avec les nazis et fut responsable de la déportation des Juifs sous le régime de Vichy ».

Le directeur des Relations internationales du Centre, Shimon Samuels, rappelait qu’« en 1994, le président François Mitterrand avait exprimé son intention de déposer une gerbe, avec les dirigeants américain et britannique, dans le cimetière allemand de La Cambe, en Normandie, à l’occasion du 50e anniversaire du Jour J. Le Centre Wiesenthal avait exposé le fait qu’au nombre des soldats enterrés là reposaient les SS responsables du terrible massacre d’Oradour-sur-Glane : 642 hommes, femmes et enfants y avaient été brûlés vifs en représailles contre la Résistance. M. Mitterrand avait alors annulé la cérémonie.

M. Samuels poursuivait en ces termes : « Au Comité du patrimoine mondial de l’Unesco qui s’est tenu à Bahreïn en juillet dernier, la France et la Belgique avaient présenté conjointement la candidature de cent trente-neuf ‘‘sites funéraires et commémoratifs de la Première Guerre mondiale’’. Nous en avions identifié au moins deux où sont aussi inhumés des combattants de la Deuxième Guerre mondiale, dont un abritant des tombes de criminels de guerre, l’autre servant aujourd’hui de sanctuaire où se rassemblent des néo-nazis de tous pays... »

L’ambassadeur de France à l’Unesco avait demandé au Centre Wiesenthal de l’aider à identifier d’autres cas semblables avant de proposer ces sites à l’inscription au Patrimoine mondial. « On peut réconcilier des ennemis de la Première Guerre mondiale, mais pas de la Seconde », avançait le diplomate français.

« Cette ‘‘crise de Pétain’’ tient du même concept : on ne peut honorer un maréchal de la Première Guerre mondiale qui a commis des crimes au cours de la Deuxième Guerre, crimes pour lesquels il a été jugé, disgracié et emprisonné », soutenait le Centre.

M. Samuels estimait que « Pétain aurait dû être déchu de toutes ses distinctions de la Première Guerre mondiale. On devrait le honnir en tant que traître de la France… L’Élysée vient de dénouer un nœud gordien – ‘‘Seuls les noms des maréchaux enterrés aux Invalides seront cités. Ce n’est pas le cas de Pétain’’. »

En 1894, Alfred Dreyfus avait été dégradé de ses médailles et honneurs à l’École militaire de Paris. Pétain mérite bien plus. Les exactions qu’il a perpétrées au cours de la Deuxième Guerre mondiale anéantissent ses premières « gloires »… « Il semble qu'à l'Élysée, le message a été enfin compris. S'il en était autrement, ce serait un cadeau aussi bien pour l'extrême droite que pour l'extrême gauche, concluait M. Samuels.